Proposition de fil conducteur, pour une réflexion à propos de la fin de vie
- Cette proposition a une visée pédagogique, pour les personnes en responsabilité ecclésiale qui souhaiteraient être mieux armées pour comprendre les enjeux et répondre aux questions qui se posent à propos de la fin de vie. Cette proposition prend appui sur le texte « Notre regard sur la fin de vie » publié par les évêques du Conseil Famille et Société de la Conférence des évêques de France, le 17 janvier 2014
- On pourra utiliser les questions, ci-dessous, pour une réunion en équipe d’aumônerie, en équipe SEM… dans un travail en petit groupe.
Il est indispensable que chacun ait le texte personnellement.
- Pour donner consistance à la réflexion on peut aussi inviter à relire, en aval de la rencontre, les textes sur cette question, notamment la Loi Leonetti,, le Rapport Sicard et divers avis sur la question que certains souhaitent voir évoluer : ainsi dans un avis de l’Ordre des médecins ou par une proposition de loi en date du 27 février 2013 d’un certain nombre de députés, dont Jean Leonetti lui-même, le comité consultatif d’éthique, ou encore l’Avis citoyen publié le 14 décembre 2013…
- Nous vous invitons à reprendre les définitions données en annexe.
Questions pour la rencontre.
A/ Une première étape est de voir si nous pouvons nous-même partager nos convictions sur cette question ?
Avons-nous déjà réfléchi sur la fin de vie, la nôtre, celle d’un proche ?
En parlons-nous entre nous en famille, entre professionnels, en équipe ? Est-il facile de s’exprimer sur ce sujet ?
Quels sont les lieux, les espaces, les expériences qui nous provoquent à penser à la fin de vie ?
B/ Reconnaître l’importance et les limites de la loi. (Voir § 1 du texte « Notre regard sur la fin de vie. »
« Les choix éthiques déchirants entre la responsabilité sociale du corps médical et la supplication de la personne en fin de vie »
Pouvons-nous donner quelques éléments de la complexité de ce sujet ?
Repérons des situations concrètes où la question s’est posée, éventuellement partagées avec les soignants, l’équipe d’aumônerie, en famille… ?
Quelle place y a pris l’émotion ?
C / Difficultés nouvelles pour penser à la mort aujourd’hui. (Voir § 1.1)
« La revendication d’euthanasie et d’assistance médicale au suicide intervient dans ce contexte d’une privatisation de la mort, et d’un affrontement très autarcique de chacun à sa propre mort. »
Comment ressentons-nous cette difficulté contemporaine de penser la mort ?
Que pourrait être une préparation à la mort ?
Quelles propositions peuvent exister ou à créer pour un accompagnement personnalisé de la personne en deuil ?
D/ Maintenir les relations jusqu’au bout. (Voir §1.2)
« Le vrai respect de la dignité humaine exige de mourir en sachant qu’on demeure relié aux autres »
- Comment comprenons-nous cette phrase ?
- En quoi cela rejoint notre pratique d’accompagnement ?
- Avec qui partageons nous cette responsabilité de l’accompagnement ? Quels en sont les autres acteurs ?
« La foi chrétienne nourrit la conviction que la valeur de la personne n’est pas attachée à son utilité ni à une liste de qualités physiques, intellectuelles qui lui permettent d’entrer en relation.. »
Qu’est ce qui fait la valeur de la personne humaine ?
E/ Entendre et situer les souffrances. (Voir §1.3)
« Exprimer le désir d’en finir est parfois le symptôme de la souffrance de tout un groupe dont la personne en fin de vie se fait porteuse. »
- Entendre la supplication, ce n’est pas répondre à la demande, mais entendre la demande. Comment être disponible pour cette écoute ? Comment cette demande nous bouscule ?
- Comment vivre notre impuissance à y répondre ? Cela suppose une attention particulière aux familles, aux soignants, aux accompagnants …
F/ Peser les arguments présents dans le débat. (Voir § 2)
Les objectifs de la médecine (Voir § 2.1)
« Le pouvoir de donner la mort entre en conflit avec de devoir universel de soins et d’accompagnement de la médecine. »
Comment envisager la situation des soignants à qui l’on pourrait conférer le pouvoir de donner la mort ?
G/ Un respect de la conscience et de la liberté. (Voir § 2.2)
« Comment évaluer surtout la plus ou moins grande privation de liberté de celui qui demande l’euthanasie ? »
De quelle liberté parle-t-on ?
H/ Un respect de la dignité. (Voir § 2.3)
« C’est la foi qui, par la conversion, peut nous aider à inventer les pratiques du respect de la dignité des plus vulnérables de notre société. »
Quelle est notre expérience de cette conversion ?
Comment comprendre la dignité de la personne humaine ?
Avons-nous des expériences d’accompagnement dans la dignité jusqu’au bout ?
I/ Le devoir d’accompagner les plus vulnérables. (Voir Conclusion)
« Conception de l’être humain comme fondamentalement en relation. »
Quelles sont les conséquences de cette conception dans notre mission ?
Que vivons-nous de cette remise en lien quand la fin se fait toute proche ?
Peut-on échanger sur l’accompagnement des personnes en fin de vie par la prière et par le don des sacrements ?
Comment cela entre dans cette conception de l’être humain comme fondamentalement en relation ?
J / Qu’est ce qui peut encore compléter cette réflexion à partir de nos expériences ou de ce que nous venons d’échanger ?
ANNEXE – définitions.
L’euthanasie consiste à administrer un produit létal à un malade incurable. Dans tous les cas, il s’agit d’un moyen utilisé pour « faire mourir » le malade. (Vincent Leclercq)
Euthanasie : étymologiquement le terme signifie « bonne mort ». Actuellement le mot ne désigne plus les qualités de la mort (douce, bonne) mais l’acte qui consiste à mettre fin délibérément et instantanément à la vie d’une personne atteinte d’une maladie grave et incurable. L’euthanasie est assimilée à un homicide et expose aux poursuites prévues par le code pénal. Trois pays ont dépénalisé l’euthanasie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas.
Le mot « euthanasie » désigne donc l’euthanasie active. Le « laisser mourir » et le fiat de « débrancher » un patient en réanimation, que l’on qualifie parfois d’ « euthanasie passive », ne sont pas considérés comme en faisant partie. (Marie de Hennezel)
Le refus de l’obstination déraisonnable, autrefois qualifié « d’euthanasie passive », puis de refus de l’acharnement thérapeutique,, est l’attitude qui consiste à ne pas entreprendre ou poursuivre des actes médicaux « lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie ». Cette notion permet, par exemple, de débrancher un respirateur artificiel. Il s’agit non plus de « faire mourir », mais de « laisser mourir ». (Vincent Leclercq)
Le suicide médicalement assisté est l’acte consistant, pour un malade, à mettre fin à ses jours avec l’aide d’un médecin, qui lui fournit les moyens de le faire. C’est ce que demande Chantal Sébire. (Vincent Leclercq)
Suicide assisté : Contrairement à l’euthanasie où un personne tierce réalise le geste qui conduit à la mort, dans le suicide assisté c’est le patient lui-même qui s’auto administre la potion mortelle fournie par un tiers.
En France, le suicide assisté n’est pas puni, mais l’incitation au suicide et la non-assistance à personne en danger peuvent entraîner des poursuites.
Le suicide médicalement assisté est légal en Suisse (où il est réalisé par des associations comme Exit ou Dignitas) et dans quelques Etats américains (l’Oregon, l’Etat de Washington et le Montana), mais les associations qui le promeuvent sont interdites. (Marie de Hennezel)
La sédation est un sommeil artificiel induit par un médicament hypnotique. Cette méthode est utilisée en dernier recours en soins palliatifs, lorsque le malade présente des douleurs rebelles à tout antalgique et/ou une angoisse envahissante, ou lorsqu’il est épuisé. Elle n’abrège pas la vie du patient. (Vincent Leclercq)
Sédation terminale : La sédation est un procédé médicamenteux par lequel un patient est endormi, plongé dans un coma artificiel, pour être soulagé de douleurs physiques réfractaires ou d’une souffrance psychique intolérable. Il existe des sédations légères et courtes ( appelées le « stop et encore »), fréquemment utilisées en réanimation ou en soins palliatifs, et des sédations profondes quand on plonge le patient en phase terminale d’une maladie dans l’inconscience jusqu’à sa mort. Selon le dosage, le patient peut mourir rapidement ou au contraire dormir très longtemps.
La loi Leonetti permet cette sédation terminale sous certaines conditions et après décision collégiale. . (Marie de Hennezel)
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L’Onction des malades
1499 ” Par l’Onction sacrée des malades et la prière des prêtres, c’est l’Église toute entière qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu’il les soulage et les sauve ; bien mieux, elle les exhorte, en s’associant librement à la passion et à la mort du Christ à apporter leur part pour le bien du peuple de Dieu ” (LG 11).