La Nouvelle-Zélande veut retirer toute restriction légale à l’avortement jusqu’à 5 mois (20 semaines) de grossesse. En août 2019, le Parlement néozélandais a voté en première lecture un projet de loi actuellement en débat pour libéraliser l’avortement. Deux lectures sont encore nécessaires pour promulguer la loi.
La loi néozélandaise considère aujourd’hui l’avortement comme un crime, dépénalisé sous certaines conditions (sur cette question, voir le Flash expert IEB “Faut-il dépénaliser l’avortement ?”). En effet, il est possible de le pratiquer jusqu’à 5 mois de grossesse à condition que deux médecins dont un gynécologue ou obstétricien constatent un danger pour la santé mentale ou physique de la mère ou un handicap chez l’enfant à naître. Au-delà de ces 5 mois, si deux médecins affirment que la poursuite de la grossesse met en danger la vie de la mère ou entrainerait des séquelles graves et irréversibles, la femme peut avorter.
La semaine dernière, le Comité de Législation sur l’Avortement a rendu un rapport sur ce projet de loi qui supprimerait toute contrainte à l’avortement jusque 20 semaines de grossesse. L’appréciation serait ainsi laissée à la femme et son médecin. Au-delà de 20 semaines, deux médecins devraient affirmer qu’un tel avortement est « cliniquement approprié » au regard de la santé mentale, physique et générale de la mère, un critère bien subjectif.
La dernière limite à l’avortement contre laquelle beaucoup militent, est l’objection de conscience, que les médecins peuvent encore faire valoir sans devoir se justifier.
En proposant un « avortement sur commande », ce projet de loi dénie toute reconnaissance à l’enfant à naître pendant les 5 premiers mois de sa croissance. Dans un tel contexte, on peut se demander quel espace de dialogue il restera pour éviter que les femmes ne subissent seules les pressions sociétale, familiale et économique propres à une découverte de grossesse non désirée.
De plus, à partir de 11-12 semaines de grossesse, on peut découvrir le sexe du bébé, ou des défauts sans gravité qui génèrent toutefois angoisses et inquiétudes chez la femme. Si plus aucune condition ne peut interférer dans la décision d’avorter, voilà des raisons qui pourraient motiver un avortement. Si du point de vue juridique mais aussi culturel l’avortement devient un “soin de santé”, le danger est qu’il se présente souvent comme la première solution.
Source : New Zealand Legislation – CNA