La pratique médicale est elle dominée par la robotisation ?
Qu’entend on par «robot » ?
Plus ou moins autonome et mobile selon les contextes dans lesquels il est utilisé, le robot est un système technologique complexe qui présente une capacité à acquérir de l’information à partir de son environnement grâce à des senseurs, une capacité à traiter l’information grâce à des systèmes d’intelligence artificielle et surtout une capacité à rétro-agir sur son environnement.
En dehors de la domotique robotisée des institutions de soins, le rôle des robots en médecine est celui d’une aide à la pratique médicale.
Celle-ci consiste en la prise en charge du patient en vue de l’établissement d’un diagnostic, pour un traitement adéquat médical, chirurgical ou de réadaptation fonctionnelle et sociale.
Selon les catégories fonctionnelles de robots, les problématiques sont différentes.
Quelques critères pour baliser une éthique de la robotique médicale :
Le robot doit rester au service du patient et ne pas devenir un moyen de l’exploiter ou de le contrôler à son insu: respect du secret médical, de la liberté des patients et de l’intimité de leur vie privée.
La robotisation du corps mutilé, comme le fait la chirurgie plastique, procède d’un désir parfaitement légitime de rétablissement d’une unité. Par contre, la greffe d’appendices robotisés permettant pour des raisons ludiques ou hédonistes, d’ouvrir de nouvelles sensations, est de nature à briser une unité cohérente de l’humain.
L’unité corporelle est le produit d’une histoire biologique, définissant aussi ce qu’est la personne humaine.
La robotisation du corps se doit d’en respecter les limites.
Alors que des exosquelettes robotisés sont tout à fait pertinents pour redonner une mobilité à des personnes paralysées, il semble inadéquat d’accéder à la requête de personnes voulant se munir d’exosquelettes aux seules fins de démultiplier, pour le plaisir, leur force musculaire.
La robotisation ne doit pas conduire à une suppression de la relation humaine et doit être respectueuse des sensibilités culturelle.
L’utilisateur doit se garder d’une sorte de fascination technologique conduisant à une délégation démesurée de pouvoirs. Le robot doit rester au service du décideur et non l’inverse. Or, par inertie, facilité ou éblouissement, on voit souvent l’utilisateur se laisser conduire par la machine. Le recours systématique à des robots pourrait faire perdre aux médecins et chirurgiens, une expérience forgée au contact direct avec le corps des patients, qui se révèlerait indispensable en cas de panne ou d’indisponibilité des systèmes robotisés.
La robotisation doit s’insérer dans un projet qui respecte la justice et qui n’accentue pas les fractures sociales. Le coût de ces machines, des structures , de leur mise en oeuvre et de leur maintenance pourrait en éloigner les populations moins favorisées de nos sociétés ou des pays en voie de développement.
Le sujet humain se doit de ne jamais oublier, d’une part qu’il est le concepteur du robot et le responsable ultime de sa mise en oeuvre et de ses comportements, qu’elles que soient les délégations de pouvoir qu’il ait acceptées; d’autre part, il se doit de réaliser que son utilisation des robots ne peut conduire à sa propre négation ou à son complet effacement, ainsi que de toute la richesse de la relation non médiatisée par la technologie.
Bernard Ars, Université de Namur, Président de la Société Médicale Belge de Saint-Luc.
Dominique Lambert, Université de Namur.
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A propos de ce blog
Ce blog, tenu par des membres et des proches du CCMF, Centre Catholique des Médecins Français, se propose de porter un regard chrétien sur l’exercice de la médecine aujourd’hui, interrogeant son incessante évolution marquée par des progrès scientifiques et techniques générant de nouvelles attentes des hommes.
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