Venues de tout le diocèse mais aussi de l’Espagne toute proche ou d’autres coins de la France, environ 800 personnes ont assisté au Colloque pour la Vie organisé à Biarritz par l’Académie diocésaine pour la vie, aidée de 70 bénévoles dévoués. Dans une ambiance paisible et chaleureuse, des personnes de toutes générations sont venues écouter des experts et des témoins venus des quatre coins du monde. Prenant conscience des enjeux, elles sont reparties réconfortées et remplies d’espérance pour défendre la vie, chacune à sa manière et selon ses propres moyens. Voici un  écho des différentes interventions, si diverses de par leur origine mais se rejoignant toutes pour l’essentiel.
Dr Patrick Theillier
Vice-président de l’Académie diocésaine pour la vie

Des chiffres alarmants

Aux Etats-Unis, ces quarante dernières années, on peut recenser 55 millions d’enfants avortés. C’est ce qu’ont avancé David Bereit et Shawn Carney qui dirigent Forty days for life : une initiative qui consiste à  prier 40 jours 24/24h à l’extérieur des centres de planning familial, des cliniques et des hôpitaux qui pratiquent l’avortement, pour dissuader les femmes de pratiquer une IVG.
En Russie, d’après Pavel Parfentiev, président de For Family Rights, 1 avortement a lieu toutes les 27 secondes : « C’est le premier pays qui avorte ! ».
En France, 16 000 ados de moins de 16 ans avortent tous les ans (Mgr Tony Anatrella, qui insiste sur le fait que « tout avortement est d’une violence inouïe, que le corps garde en mémoire »).
Cécile Edel, présidente du Collectif En marche pour la vie, initiative née il y a 8 ans pour les 30 ans de le loi autorisant l’avortement en France, demandait : « Comment vivre dans une société, la notre, qui accepte de tuer un enfant sur quatre ? ». « Ne pas demander l’abrogation de l’avortement est discriminatoire pour l’enfant, c’est moralement inacceptable ». « Ayons de l’audace. Ne craignons pas l’hostilité ! ».
Et Jean-Marie Le Méné nous a rappelé que, pour la première fois dans l’histoire, une population entière est décimée, celle des enfants trisomiques, dans le sein de leur mère, à partir d’un consensus qui se veut scientifique et médical qui pense qu’on peut progresser en transgressant. « Il s’agit, en fait, de tromperie et de mensonge. » « La médecine n’est plus le lieu de la compassion et de la charité, mais celui de la complaisance ». Et sœur Marie-Luc a eu raison d’appeler à de nouvelles vocations de médecins chrétiens qui osent tenir à la vérité !
Tous les intervenants convergeaient pour dire que nous sommes face à une idéologie mondiale qui se trompe sur la nature de la vie.
Nous vivons une crise de civilisation anthropologique, éthique, culturelle. La crise économique n’est que la partie visible de l’iceberg d’une société folle, qu’on l’appelle « néo-libérale », « post-moderne » ou « hyper-moderne », qui a rejeté la « loi naturelle » inscrite dans le cœur de chaque humain. Sans droit naturel, plus de bien commun. La vérité n’existe plus, remplacée par l’opinion majoritaire.
La personne (ouverte sur les autres) n’est plus qu’un individu (fermé sur lui-même) qui exalte une liberté libérée identifiée comme une volonté absolue. D’où  la chosification du corps qui n’est plus compris comme une  « épiphanie »  mais comme un instrument qu’on peut manipuler à souhait.

Le malheur de l’homme moderne

Le malheur vient de ce que l’homme moderne ne comprend plus ce qu’est la vie humaine.
Mgr Mario Iceta a d’abord rappelé : « Il y a un caractère éthique original de l’être humain qui fait sa spécificité ». « L’homme n’est pas un exemplaire ». « L’être humain ne se reproduit pas, il procrée ». Puis : « C’est l’expérience de l’amour qui révèle l’originalité de la personne humaine ». « La foi ouvre des horizons nouveaux : cette vie n’est pas la dernière mais l’avant-dernière. La personne est toujours une fin et jamais un moyen. La vie humaine qui est un don est, de ce fait, sacrée et inviolable à tous les moments ». « L’homme et la femme sont les protecteurs de la vie ».
Le Docteur Benigno Blanco, lui aussi, soulignait que  « nous vivons un moment historique de l’humanité » avec la difficulté que « nos contemporains ne voient plus l’évidence ». La pensée athénienne, fécondée par le christianisme,  a amené la civilisation occidentale à faire confiance à la raison pour distinguer le vrai du faux, rechercher la vérité à partir de la réalité des choses, reconnaître l’existence d’une nature humaine. Aujourd’hui, sans la foi il semble qu’on perde la raison. Sans la foi et la raison on ne connait plus la vérité et la vie perd son sens.
C’est bien pourquoi la vie est dévaluée.

Initiatives pour rétablir une culture de la vie

Nous devons de toute urgence  « renoncer à plaire au monde, refuser l’esprit du monde, briser le consensus ; préférer l’hostilité à l’incompréhension ; préférer être compris et rejeté qu’incompris et toléré » insiste Grégor Puppink nous mettant en garde contre  « les Institutions Européennes qui remplacent l’universalisme par un impérialisme avec leur propre conception d’une anthropologie opposée à l’anthropologie naturelle, réaliste et judéo-chrétienne ». D’où la nécessité d’être présents dans les structures internationales.
Il faut nous unir pour rétablir une culture de vie en commençant par opposer à l’idéologie mortifère actuelle notre anthropologie. Nous, chrétiens, avons l’obligation de transmettre la vérité sur l’être humain. Il y a nécessité à se former pour apporter une raison raisonnée de nos convictions, en sachant combien il est difficile de savoir expliquer ce qui semble tellement évident…
Que notre plénitude de vie soit attrayante pour les autres. Ensemble, d’un seul cœur, témoignons de la grandeur et de la beauté de la vie. Comme le disait Mgr Noël Simard : « La vie est un bien dont la dignité vient de son origine (Dieu) et de sa destinée (la vie éternelle). » « La vie à respecter, à protéger, à promouvoir. La vie à donner, à aimer, à servir. »

De nombreuses initiatives en ce sens ont été relatées.

Tugdual Derville nous donnait en 10 points son expérience de lutte pour la vie, insistant sur le fait de privilégier la rencontre et sur la nécessité d’une grande compassion entretenue par un regard contemplatif : « Voir la souffrances et la misère avec notre cœur plutôt qu’avec notre colère ». « Essayer de comprendre le blocage par rapport à la vie : qu’est-ce qui étouffe la capacité d’une personne à dire oui à la vie ? »
Alicia Latorre, présidente de la Fondation Pro Vida (Espagne), va dans le même sens : « Annonçons nos convictions avec charité pour sortir du mépris que les personnes pensent que nous avons pour elles ». Mais il faut savoir que « le mal a des racines profondément ancrées ». « Notre lutte s’apparente à celle de David contre Goliath ».
Le Centre National Catholique de Bioéthique aux Etats-Unis (www.hcbcenter.org) fondé en 1972 avant les législations portant atteinte à la vie, était représenté par son directeur le Père Tadeusz Pacholcyzk qui, inlassablement, publie, forme, enseigne, fait des recherches, organise des séminaires, des colloques, des consultations.
Lila Rose, elle, 24 ans, fondatrice de Live Action aux Etats-Unis, n’hésite pas (depuis l’âge de 15 ans, après avoir vu à 9 ans la photo d’un enfant avorté) à militer contre l’avortement avec énergie par une stratégie reposant sur l’investigation. Ils entrent dans des centres de planning familial et d’avortement et filment en caméra cachée les réponses qui leur sont faites, mettant en évidence la désinformation médicale, le non respect des contraintes légales sur l’âge des jeunes filles, voire la couverture du proxénétisme. Ces actions de dénonciation sont publiées sur le Net à leurs risques et périls ( www.liveaction.org).
Des Etats-Unis encore, Rebecca Kiessling milite sans relâche pour ne pas admettre comme normal l’avortement dans le cas d’un viol. Il faut dire qu’elle est elle-même rescapée d’un avortement suite à un viol dont elle témoignera avec beaucoup de simplicité le soir à la veillée de prière. Elle parvient à convaincre nombre de politiciens en assurant qu’elle dot sa vie à la loi. A savoir : on peut trouver de nombreux sites Web (sur Google et YouTube) à son nom qu’elle autorise à utiliser.
Venu de Saint-Pétersbourg, Pavel Parfentiev nous a exposé son activité inlassable à réduire le nombre d’avortements dans l’immense état russe par des programmes de formation. Il était très surpris qu’en France nous n’ayons pas le droit de nous réunir pour prier dans la rue…
Le Docteur Jokin de Irala a présenté l’immense travail qu’il réalise à l’Université de Navarre à Pampelune (Espagne) pour associer l’enseignement d’une bioéthique juste aux étudiants en médecine : planification familiale naturelle, cours d’éducation affective et sexuelle, master mariage et famille. « Nous sommes au tout début d’une crise de formation et d’information, soutient-il ; il ne faut pas hésiter à publier pour exister ».
Conrado Gimenez Agrela nous a expliqué avec feu comment il évite des avortements en offrant des marraines (madrinas) aux jeunes filles enceintes qui n’ont généralement pas de famille stable : « Le problème de l’avortement, c’est le manque de famille et d’amour ». La fondation a aussi un centre d’appel 24h/24, un service de conseil, des appartements d’accueil et des cliniques. Elle a œuvré auprès des Institutions internationales pour faire reconnaître un nouveau type de harcèlement, le « mobing maternal », harcèlement de femmes enceintes qui les pousse à avorter et ne respecte pas leur libre choix ! ( www.madrina.org ou fundacion@madrina.org).
Dans un monde où la sexualité est dissociée de la procréation, Mgr Tony Anatrella a insisté sur le fait de faire prendre conscience à l’adolescent qu’il deviendra père ou mère : « Plus il en est conscient, plus il respectera sa sexualité ». Il nous gratifiait d’un exposé complet sur les conséquences de l’avortement et sur l’éducation sexuelle des jeunes (qu’il nous faudra reprendre en entier !).
Au moment où se préparent certaines lois, Mgr Jean Laffitte rappelait que l’amour de l’homme et de la femme s’inscrit dans le dessein du Créateur, que seule la complémentarité sexuelle voulue par Dieu peut perpétuer l’espèce, et combien il est bon de rendre sensible aux jeunes la sacralité et la sainteté de l’amour humain engagé dans le mariage. Il nous nous donnait une belle exhortation à toujours considérer ensemble l’amour et la vie : « La vie et l’amour sont au cœur de l’existence parce qu’ils sont au cœur du dessein du Créateur. Il n’y a pas de service de la vie sans amour, comme il n’y a pas de transmission de la vie sans amour ». « Référer le miracle de la vie à la Providence bienveillante de Dieu ».exposa alors avec clarté sa façon d’aborder ces deux questions amour et vie de manière unifiée pour l’éducation des jeunes, expliquant comment le processus éducatif pourrait se faire en quatre étapes : nous espérons pouvoir publier en totalité sa passionnante  intervention.  cf. www.familia.va  (site sur la famille du Vatican).
De son côté, avec son expérience clinique, Mgr Ignacio Carrasco de Paula a montré que les discours ne suffisent pas toujours, mais que le contact avec la réalité était souvent nécessaire pour comprendre la sacralité de la vie.

Deux armes efficaces

L’arme de la prière et la sainteté de la vie ont été soulignées par tous les intervenants sans exception.
« La vérité est notre espoir ; la source de la vie, c’est l’adoration » a-t-on entendu. « Le Christ est venu sauver la brebis égarée, cette 100ème brebis. C’est celle-là qu’il faut aller chercher, c’est sur celle-là que seront jugées les 99 autres ».
« Il faut refaire le tissu humain de la société à partir du tissu chrétien des communautés ecclésiales. Le discours sur la montagne nous appelle à la radicalité »  nous déclara le cardinal Raymond Burke
Et comment ne pas citer sœur Marie-Luc : « La contemplation émerveillée du don de la vie humaine, de sa dignité, est au cœur de notre mission. Emerveillement devant la création de l’homme par Dieu à son image, du couple appelé à être image de l’union de Dieu avec son peuple, de Dieu, de l’humanité, du Christ avec l’Eglise. Emerveillement devant la vie filiale offerte à tout homme. C’est cet émerveillement que nous voulons faire partager. Voilà le cœur de notre vie, l’aliment de notre prière, la source de notre service. »

Cette vie de prière, nous l’avons vécue ensemble le vendredi soir, avec le témoignage du Père Daniel Ange nous donnant comme modèle tous ces jeunes qui ont donné leur vie pour la Vérité.
Ce colloque qui fera date s’est clos par une messe solennelle présidée par Mgr Aillet entouré de plusieurs évêques et de nombreux prêtres, pour le premier dimanche de l’Avent et le début de l’Année de la foi.
Que la devise de Mère Teresa choisie pour notre colloque : « Si tu veux la paix, défends la vie » puisse, par notre intermédiaire, toucher beaucoup de cœurs !

Quelques témoignages

François-Régis, propédeute : « J’ai appris beaucoup de choses sur ces questions essentielles. C’est important pour un futur prêtre (si Dieu le veut) d’avoir des réponses, des arguments solides pour pouvoir mieux répondre aux questions qui nous sont posées. »
Une étudiante en médecine : « Je suis venue pour ma formation personnelle. En effet on aborde peu le sujet dans mes études. J’ai été intéressée d’avoir des avis différents de ce qu’on entend habituellement. »
Olga, 23 ans, étudiante parisienne : « Le témoignage de Rebecca Kiessling m’a beaucoup touchée car cela donnait le point de vue de la victime : l’enfant. Le problème actuellement, c’est qu’on a du mal à dissocier les trois éléments : l’acte du violeur, le traumatisme de la mère et l’existence de l’enfant. C’est l’enfant, qui n’a pas de parole, la victime. Je voudrais en parler avec mes amis. Je voudrais être un témoin autour de moi, auprès des jeunes qui sont frustrés par le monde actuel. »
Marie-Pierre, 74 ans : « Je suis très contente des interventions entendues. En effet nous sommes submergés par tous les medias qui disent le contraire de ce qu’on pense. Et puis c’est une bonne chose pour nous de pouvoir répondre aux questions de nos enfants et petits-enfants.