Je viens de terminer le livre témoignage du docteur Georges Vieilledent « Médecin de campagne, une vie » publié fin 2014 chez Calmann-Lévy. Le titre d’une grande simplicité laisse présager un récit sans emphase, empreint de simplicité. Dans un livre, l’essentiel est toujours en son centre. Et en quelques mots, notre confrère définie de manière extrêmement simple un des aspects des réflexions de notre association.
« – Comment pouvez-vous ? Vous qui allez à l’église, docteur?
Oui je vais à l’église. Oui, je suis croyant. Oui, j’ai été élevé dans une famille où la foi tient une place centrale et éduqué par les jésuites à Alger.Mais je ne suis pas un médecin catholique. Je suis médecin et catholique. Médecin avant tout. Et comme tout médecin je n’ai pas à juger ceux qui viennent à moi. Dans leur souffrance et leur douleur, je me dois de les prendre tels qu’ils sont. Et comme tout médecin, j’ai la religion de la vie, dans toutes ses expressions. »
Soigner n’est pas évangéliser. Soigner c?est rendre sa liberté à l’homme blessé dans son humanité. Dans un quotidien difficile, parfois harassant d’un médecin de campagne dans un canton de Haute-Loire, Georges Vieilledent nous dit que la grandeur de sa mission tient dans sa porte toujours ouverte à tous. Aller visiter, accueillir l’autre tel qu’il est, notre foi n’est-elle pas là pour nous affermir dans la nécessité de nous ajuster à hauteur d’homme. L’évangile de la Samaritaine, la parabole du Bon Samaritain ne nous disent pas autre chose que cet inconditionnel de la présence à l’autre.
Il faut lire ce témoignage d’un homme qui s’est donné tout entier à son métier durant plus de quarante ans. Il porte un regard à la fois critique et bienveillant sur ses jeunes confrères qui refusent ce type de vie. Il se pose la question de savoir si la médecine actuelle va pouvoir répondre aux difficultés de ces populations rurales isolées.
Bertrand Galichon
Président du CCMF