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Editorial

La_loi_ne_dira_pas_tout La loi ne dira pas tout

La loi ne peut dire que ce qui lui semble légal et illégal.Cette semaine deux événements nous ont montré les limites de la loi: d’une part le vote en deuxième lecture de la loi Claeyes-Léonetti à l’Assemblée Nationale et d’autre part les conclusions données par le Tribunal Administratif de Chalon sur Marne à propos de la procédure engagée par le neveu de Vincent Lambert.
Les premiers commentaires de la presse après ce vote à mains levées mettent en avant toute l’insatisfaction des pro et anti euthanasie. Et il ne pouvait pas en être autrement. Le texte des députés nous laisse dans un entre deux avec la création de situations de sédation profonde humainement intenables. Des euthanasies qui refusent de dire leur nom. Des équipes de soins palliatifs qui vont se vivre comme des exécuteurs….Des familles qui ne sauront plus où elles sont, quel rôle leur demande t-on de jouer ou de ne pas jouer. Nous voilà devant une proposition de texte qui se veut tactiquement comme une transition vers l’avenir radieux de la fin de vie sous contrôle…Ce texte ne dit rien de notre humanité. Notre dignité est instrumentalisée au profit d’une éthique de l’autonomie. Nous avons abandonné la loi Léonetti car nous n’avons pas pris les moyens d’accompagner la vie jusqu’à son accomplissement. Nous en sommes là par démission. Avons-nous considéré avec Tanguy Chatel tous ces “vivants jusqu’à la mort”?
Il nous faut lire les considérants de l’arrêt rendu par le Tribunal Administratif de Chalon sur Marne. Les décisions prises en conscience par un premier médecin ne s’imposent pas de façon automatique aux suivants. Le tribunal nous donne par là la preuve que toute décision médicale est le fruit d’une rencontre  faite d’humanité avec ses faiblesses et sa profondeur.
Pour faire sens, nous devons dépasser le légal non pour trouver le bien et éviter le mal mais dire ce qui fait notre “bien commun”. Notre responsabilité de chrétiens est d’interroger notre monde à ce niveau. Par quoi notre fraternité tant évoquée est-elle fondée? En quoi la vie des malades qui nous sont confiée reste en cohérence avec cette source? Regardons-nous nos malades sous cet éclairage? Et nous ne devons pas avoir peur d’affirmer que le spirituel et la philosophie viennent révéler notre démocratie à elle-même. La justice seule à cet égard ne nous dit rien.